Restauration Architecturale de Maisons Traditionnelles Libanaises [Partie I]

Restauration Architecturale de Maisons Traditionnelles Libanaises [Partie I]

Le Liban possède un patrimoine riche et diversifié, hérité des nombreuses civilisations qui ont existé sur son territoire. Le Liban, qui était autrefois la patrie des Phéniciens, a été colonisé et conquis par de nombreux pays, qui ont tous laissé un énorme héritage culturel et des traditions dans le pays. L’héritage du Liban remonte principalement au XIXe siècle, et il a été largement et principalement influencé par les époques ottomane et française. Au sein de l’immense patrimoine du Liban, on trouve les bâtiments traditionnels et historiques qui sont pour la plupart encore présents dans la capitale du Liban, Beyrouth. Malheureusement, les bâtiments historiques de Beyrouth risquent aujourd’hui de s’effondrer suite à l’explosion dévastatrice qui a secoué la zone portuaire de la capitale, le 4 août 2020, et qui a détruit des parties de la ville et des régions environnantes, comme Achrafieh, Gemmayze, Rmeil, Medawar, Karantina et Mar Mikhael. C’est pourquoi les fonctionnaires et les architectes libanais de tout le pays appellent à une action rapide pour reconstruire, préserver et restaurer ces maisons, dans un effort pour préserver la culture du Liban.

 

Voici ce que vous devez savoir sur les maisons traditionnelles du Liban :

1- Principales typologies des maisons traditionnelles libanaises

Le Liban abrite une architecture traditionnelle impressionnante. Chaque région du Liban possède une concentration d’un type d’architecture spécifique. Chaque type de maison a son propre caractère et est donc distinct et différent. Dans cet article, nous nous concentrerons sur trois types de maisons que l’on trouve couramment à Beyrouth et dans les régions environnantes qui ont été gravement endommagées par les explosions du 4 août dans le port de Beyrouth.

a- La maison à triple arcade: La typologie de la maison à triple arcade remonte au XIXe siècle. Ces maisons sont des maisons bourgeoises typiques qui appartiennent à l’époque ottomane. Elles sont composées de plusieurs pièces d’habitation disposées autour d’une grande salle ou pièce centrale. Cette pièce est généralement utilisée comme salon. La façade de cette pièce est souvent décorée de fenêtres à triple arcade qui donnent sur un balcon ou un jardin. Les maisons aristocratiques ont aussi souvent des tours et des porches. Ce type de maisons se trouve surtout à Beyrouth, mais on peut aussi en trouver dans d’autres régions, comme à Zahle et à Douma. Elles sont principalement construites en pierre de Ramleh et le plafond en bois, tandis que leur façade principale est constituée d’arcades. Outre les trois arcades qui se trouvent sur la façade principale de la maison, toutes les autres fenêtres de la maison sont généralement rectangulaires. Dans les maisons aristocratiques, on trouve également des galeries et des corniches autour de la façade. Les décorations et l’architecture des maisons à triple arcade s’inspirent principalement des styles d’art baroque, mauresque, gothique et médiéval. La restauration des maisons à triple arcade sera abordée plus en détail dans la deuxième partie de l’article.

b- Le Wikalat: Le Wikalat est un immeuble d’appartements qui remonte au XIXe siècle. Il peut avoir quatre niveaux au maximum et peut comprendre deux appartements par étage. Il comporte souvent des magasins au rez-de-chaussée. Le Wikalat est fait de piliers en béton armé et de murs en pierre de Ramleh. En termes de structure, le Wikalat est composé de plusieurs pièces d’habitation qui sont disposées autour d’un hall ou d’une pièce centrale. Cette pièce a des fenêtres à triple arcade qui donnent sur un balcon ou une véranda. Toutefois, contrairement à la maison à triple arcade, ce type de maison n’est pas destiné aux aristocrates. Elles sont souvent louées à des familles d’origines et de milieux différents et se trouvent principalement dans la région de Rmeil-Medawar. Les styles artistiques les plus dominants dans le Wikalat sont le baroque, le gothique, le mauresque ou l’art déco.

c- Les Harat: Les Harat sont des bâtiments de 3 à 4 étages avec des vérandas. Ce type de bâtiments a commencé à se développer pendant le Mandat français, dans les années 1930. Les Harat sont généralement entourés de jardins privés, avec des pièces organisées symétriquement autour du salon. La façade des Harat est généralement orientée vers le nord et est souvent décorée de fenêtres à triple arcade. Ces maisons se distinguent par leurs vérandas, qui ont contribué à transformer le paysage urbain de la ville. Les vérandas de ce type de maisons ont, en effet, redonné la possibilité de rester à l’extérieur, notamment aux locataires des étages supérieurs qui n’ont pas accès à un jardin ou à une arrière-cour. Cet espace extérieur fonctionne comme une pièce en plein air, ce qui n’est pas le cas de l’étroit balcon des maisons à triple arcade ou du Wikalat. Les maisons Harat se trouvent principalement dans la région de Rmeil-Medawar. Elles présentent différents styles d’art, principalement l’Art Nouveau et l’Art Déco, et parfois le baroque et le mauresque.

 

2- Patrimoine culturel menacé

Le Liban est connu comme un pays à forte concentration de biens culturels et de patrimoine. Le patrimoine culturel du pays a souvent été en danger, la plupart ayant été endommagé par les nombreuses guerres et conflits dont le Liban a été témoin au cours des années. Malheureusement, le patrimoine culturel du Liban est encore plus menacé aujourd’hui en raison de l’explosion massive qui a secoué toute la ville de Beyrouth le 4 août 2020.

L’explosion, qui a aplati toute la zone autour du port de Beyrouth, a non seulement fait des morts et des milliers de blessés, mais a également causé de sérieux dommages aux monuments, aux sites religieux et aux principaux musées de Beyrouth. Des quartiers historiques, tels que Gemmayze et mar Mikhael, ont également subi de sévères dégâts suite à l’explosion. Selon le ministère de la culture, plus de 100 bâtiments historiques de Beyrouth se sont déjà effondrés et au moins 8000 autres bâtiments ont été touchés, laissant plus de 300 000 personnes sans abri. Quelque 800 bâtiments historiques ont également été gravement endommagés ou détruits, dont environ 60 risquent encore de s’effondrer.

 

3- Préserver l’existant et restaurer le patrimoine culturel endommagé

La préservation des bâtiments traditionnels est très importante pour conserver le patrimoine et l’histoire du Liban. Après la destruction de nombreuses maisons traditionnelles à Beyrouth, les architectes et toutes les parties concernées se battent plus que jamais pour que les lois concernant la préservation et la restauration des bâtiments historiques soient mises à jour par le ministère de la culture. Ils exhortent le ministère à prendre rapidement des mesures pour préserver et restaurer les maisons endommagées avant qu’il ne soit trop tard.

Le processus de préservation et de restauration peut se heurter à de nombreux obstacles. La partie la plus importante du processus est actuellement d’obtenir l’approbation des propriétaires et des locataires de ces maisons traditionnelles et de les faire participer et travailler en collaboration avec les parties concernées pour restaurer les bâtiments endommagés. De nombreuses associations au Liban craignent que l’absence d’initiatives pour restaurer les bâtiments, les musées et les monuments historiques endommagés n’entraîne la perte de toute la culture et de l’histoire du pays. C’est pourquoi elles se réunissent pour sensibiliser la population et offrir leurs services à la population, ainsi qu’au gouvernement.

Au fil des ans, le nombre de maisons traditionnelles au Liban a considérablement diminué en raison d’une construction effrénée et d’un manque de préservation des bâtiments traditionnels et historiques. Comme les bâtiments de Beyrouth et des environs jouent un rôle culturel majeur dans la communauté, le Liban a désespérément besoin d’aide pour tenter de maintenir le patrimoine et la culture de Beyrouth en vie. C’est pourquoi nous présenterons quelques idées dans la deuxième partie de cet article sur la restauration des maisons traditionnelles libanaises, à savoir les maisons de la Triple Arcade, ainsi que quelques exemples.

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Comments ( 2 )

  • AIMEE ASMAR

    Même si on fera un effort pour conserver les typologies des maisons, restera à voir si ça va être possible de trouver les matériaux necessaires. Par ex les tuiles rouges d’autrefois n’ont la même texture, couleure ou dessin de celles faites de nos jours. J’ai peur que même avec tous les efforts on risquera de perdre une partie de notre patrimoine!

  • Noëlla Aoun

    C’est vrai; ce n’est pas un travail facile à faire. Les étapes premières qui consistent à collecter les débris sont extrêmement délicates et doivent être suivies minutieusement pour sauver et restaurer l’existant de la meilleure façon possible.

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